dimanche 12 avril 2015

Lecture : Le petit chat perdu (Colette)









Le petit chat perdu



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Le petit chat est revenu ! J’en ai donné la nouvelle à tout le voisinage, occupé depuis trois jours du petit chat perdu...

«Vous n’auriez pas vu un petit chat, petit comme ça, peuchère(1) ?
... Il a partout des raies et des raies et, sur le devant, une bavette blanche ; c’est Grignoulet qu’on l’appelle.»



-2-

La mère chatte, douce et fine, faisait moins de bruit que nous, mais quand elle appelait, c’était toujours du même accent. Elle appelait son fils par son nom ignoré des hommes, et pas trop haut, pour ne point attirer l’attention des seigneurs matous. Ceux-ci sont une clique bonne à pendre...

La mère chatte cherchait son fils. Elle attendait que finissent nos grandes manifestations, nos mini-mnini suraigus, nos «Grignouêêê !» prolongés en lamentations. Elle ne courait pas de côté et d’autre, ni ne se jetait la tête aux murs, mais elle se postait à des endroits connus d’elle... Elle gravissait(2) un certain arbre, recueillait des indices(3) mystérieux au ras de la route. Quel avertissement la décida ? Elle partit et ne revint de trente heures. Devions-nous déjà la pleurer ?



-3-

Le surlendemain, vers neuf heures, sur une de ces pistes étroites..., entre les vignes..., je vis de loin venir la chatte, qui ramenait son petit chat... Un roucoulement maternel stimulait (4) la fatigue du petit chat, le pressait d’avancer ; elle allait donc à grands pas laissant peiner à son flanc le fils trottinant et déjà amaigri. Pattes brèves dans l’ombre des longues pattes..., ainsi vont le poulain mené par la jument, le chamelet au bas de la haute chamelle, l’agneau sous la brebis, ainsi courait le petit chat...

Toute mon attention s’attachait à la mère chatte dont les larges yeux fiers,.... le vague sourire errant, le doux langage enroué proclamaient : «C’est moi qui l’ai retrouvé, moi, moi, et nul autre...."



-4-

Le retrouvé n’encourut naturellement nulle punition, redevint l’hurluberlu(5), le maladroit qui casse un vase, l’imprudent qui grimpe au faîte d’un arbre et y prend le vertige, l’inopportun qui marche sur le papier à mouches. Un petit chat très ordinaire, je vous assure. Mais sa mère n’est pas de mon avis...


Colette (Journal à Rebours)













Explication des mots :


(1)Peuchère : exclamation provençale : Pauvre petit !


(2)Gravir : gravir les marches d’escalier ; en gymastique, gravir une échelle.


(3)Indices : nous jouons à cache-cache : un béret oublié, une écharpe sont des indices qui guideront jusqu’à notre cachette. 
Quels indices la mère chatte peut-elle recueillir au ras de la route ?


(4)Stimuler : le petit chat revient bien fatigué de son escapade ; sa mère miaule tendrement pour le stimuler.


(5)Hurluberlu : semblable à beaucoup d’enfants étourdis, le petit chat est dans la lune.









Racontez :

1/ Faites d’après le paragraphe 1, le portrait du petit chat.


2/ Que fait la chatte pour retrouver son petit ?
Ne l’ayant pas trouvé aux abords de la maison, que fait-elle alors ?


3/ Combien de temps la mère chatte a-t-elle mis pour retrouver son fil ?
Montrez que celui-ci est bien fatigué de son escapade.


4/ Quelles sottises fait le petit chat ?
Pourquoi s’était-on tant intéressé à lui ?